Récit d’une jeune maman sur son accouchement
Quelques heures éblouissantes dans la vie d’une femme
Témoignage d’une jeune maman sur son accouchement
Lisa, 33 ans
J’ai 33 ans et en automne dernier je suis devenue une maman heureuse et épanouie d’un petit garçonnet. C’est mon premier bébé et c’était mon premier accouchement, donc, une expérience unique, inoubliable et incomparable avec quoi que ça soit dans ma vie. En fait, en mettant au monde mon fils j’ai vécu de telles émotions que je n’ai jamais connues. C’est pour ça que je veux laisser un petit souvenir de mes sentiments de ce jour exceptionnel – le jour de la naissance de mon fils – pour que ça reste dans ma mémoire à tout jamais.
Mais avant de commencer à parler sur ce jour hors de commun, juste quelques mots sur les mois d’attente… C’est un miracle à vivre avec une vie se développant dans ton ventre tous les jours, un miracle qui transforme une femme inévitablement. C’est à partir du moment que j’ai appris que j’étais tombée enceinte, j’ai commencé à prendre conscience que je suis en train de devenir une autre. Chaque réveil, chaque jour et chaque mouvement sont devenus différents pour moi. Je les pensais et vivais avec un goût particulier. Je n’étais plus comme avant, j’étais une autre – une femme se transformant en une mère s’apprêtant à donner la vie. En touchant légèrement mon ventre, encore tout petit et imperceptible au début, je possédais un secret immense. Ceci me remplissait de bonheur tout inconnu. Au premier regard d’un passant j’étais une femme comme les autres, mes amis et mes collègues de travail me voyaient avec des yeux habituels et pourtant je savais que je n’étais plus comme avant, je vivais un mystère à présent…je n’étais plus seule mais avec un être se développant en moi. C’est précisément là que j’ai commencé à tisser les liens invisibles avec mon bébé en lui parlant tout doux, en lui posant des questions aux moments des doutes, en le caressant à travers le ventre, en lui faisant part de mes émotions. On était déjà lié et surtout au-delà des regards des autres. Notre histoire commune se cachait dans un corps mais c’était déjà deux vies que je portais en moi. S’apprêter à devenir une mère est une période extraordinaire, je voulais devenir mieux en tout : dans mon style de vie quotidien, dans mes pensées que je me disais tout bas aux moments de l’intimité, dans mon attitude au monde. Le monde devenait sûrement meilleur pour moi. Les premières écographies, un premier contact visible où j’ai vue pour la première fois la petite bouille de mon fils, ses petites mains, ses pieds… les premiers mouvements de mon bébé me communicant ses humeurs, ses envies, ses émotions… les premières douleurs par ici et par là en m’indiquant bien qu’il grandissait, devenait plus fort et préparait en douceur son arrivée…J’étais en train de faire la magie.
Si je raconte tout ça c’est pour ne pas oublier les émotions fortes que j’ai vécues sur le chemin vers le jour de sa naissance. Comme quoi le bonheur ce n’est pas que le point d’arrivée mais surtout la route en soi. Ma route était longue et belle, j’ai accouché au bout de 9 mois et 3 jours d’un beau bébé de 3.980 kg.
La veille du jour de l’accouchement j’ai commencé à ressentir de fortes contractions, mon bébé se préparait pour le grand évènement. La nuit je n’ai pas beaucoup dormi, les douleurs s’intensifiaient et l’angoisse et l’impatience m’envahissaient petit à petit. Comme je dépassais légèrement le terme j’étais dans un état assez turbulent, je savais que ça allait être très bientôt mais en même temps je n’avais aucune idée comment ça va se dérouler.
Mon accouchement j’y ai pensé tellement, j’avais tant de scenarios dans ma tête… J’avais un peu peur aussi, car ça devait être mon premier accouchement, j’avais peur des douleurs, je me posais mille questions mais au fond de moi je savais que ça allait se dérouler, de toute manière, d’une façon si différente de tout ce que je puisse m’imaginer car chaque accouchement est unique. En effet, le mien en a été…
Le 3 septembre j’ai commencé ma journée comme d’habitude, un petit déjeuner, une douche et les petites caresses sur mon ventre énorme en disant à mon petit loup « alors c’est pour aujourd’hui ? ». Au déjeuner je n’ai pas pu manger bien car les contractions ont commencé de nouveau, j’ai patienté et vers le soir elles sont devenues bien fortes et très douloureuses. J’ai senti que le moment est probablement venu.
Moi et mon coparent nous sommes partis à la maternité. Et on a bien fait car en arrivant on a appris que j’ai fait déjà la moitié du travail et que l’accouchement, cette fois-ci, est sûrement plus prêt que jamais. C’est un sentiment très extraordinaire, celui de savoir qu’ayant attendu 9 mois longs, qu’essayent m’imaginer tant de fois le visage de mon petit, je vais faire enfin la plus belle rencontre de ma vie dans quelques heures à venir – la rencontre avec mon enfant.
Je suis arrivée à la maternité vers 23h du soir et c’est précisément à 7.58 h le lendemain matin que mon fils est né. Cette nuit était la nuit la plus forte en émotions de ma vie. Moi et mon co-papa tous les deux, nous avions exactement le même sentiment du changement de notion de temps. En parlant de ce jour plus tard nous étions étonnés d’avoir senti vivre tous les deux hors du temps cette nuit-là. Nous n’arriverons plus jamais à dire si les horaires se sont écoulés vite ou pas.
D’un côté l’attente durait et était palpitante, je me rappelle chaque nouvelle étape du déroulement de cette nuit, même des petites remarques insignifiantes des infirmières…De l’autre côté nous étions si éveillés que nous avions impression de vivre cette nuit en mode extrêmement intensifiée et rapide, on n’avait pas envie de dormir comme si on avait besoin de « boire » et « respirer » chaque seconde qui passait et nous reprochait vers le moment tant désiré…
Les dernières 30 minutes de délivrance étaient les plus intenses et les plus belles car j’ai donné toutes mes forces pour voir mon enfant arriver. Et enfin, le voilà…. Un cri fort transperçant l’univers, surtout notre univers, celui de moi et de mon magnifique coparent. Ça vaut tout dire.
Un premier cri éternel immortalisant le temps. Un cri nous annonçant le moment tournant où nous étions en train de vivre un instant exceptionnel et unique. Ceci dit, nous vivrons à présent même au-delà de cette vie en notre enfant. C’est le secret ultime des êtres et le plus cher cadeau qu’on puisse faire et recevoir en même temps. C’est très très très beau. C’est très émouvant. Mon bébé, les médecins me l’a posé sur ma poitrine et il était là, tout beau, tout frais, tout neuf, tout pure, vivant et cherchant mon sein pour téter…
Je n’oublierai jamais deux choses. Premièrement, ce moment quand je l’ai senti peau à peau sur moi, cette petite boule nu, chaud – une essence de Nous… de mon co-parent et de moi et de tous nos parents qui vivons en nous et à travers nous. Les gènes se succédant…Cette magie de continuité de la vie. Ce 3.980 kg de bonheur et de drôle de bruits jamais connus avant.
Deuxièmement, je n’oublierai jamais le regard échangé avec mon copapa. Il était transformé, heureux me paraissant si touchant au moment que les médecins lui ont donné son fils dans les bras. Dans ses grands bras forts il tenait, un peu maladroitement mais si tendrement, la vie fragile et précieuse de notre fils.
Il me regardait dans les yeux sans rien dire, mais son regard était très parlant.
Moi aussi, je n’avais pas les mots à dire, je ne les trouvais pas, comme si tout ça dépassait les paroles. Nous nous sommes tout dits avec nos regards. Un moment unique.
J’avais les larmes aux yeux, tièdes et heureuses, elles coulaient sur mes joues…J’étais bouleversée… heureuse… très heureuse… je suis devenue maman. J’ai donné la vie. Nous sommes devenus parents. La roue a tourné.